North Coast Trail, le NCT
Pourquoi le NCT ?
Alors que nous préparons nos vacances sur l’île de Vancouver, nous découvrons sur internet le West Coast Trail et décidons de nous renseigner. Ce grand trek de plusieurs jours qui longe la cote Ouest de l’ile est très connu et très populaire. Il draine chaque année quelques 8 000 randonneurs ayant envie de vivre l’aventure. C’est tentant, mais nous craignons de nous retrouver « entassés » avec d’autres.
Nous découvrons un peu par hasard un autre trek à faire sur cette île : Le North Coast Trail (ou NCT). Long d’une soixantaine de kms, soit un peu moins que son grand frère, il est beaucoup moins fréquenté. Son ouverture en 2008 y est surement pour quelque chose, et seulement 6 000 s’y sont aventurés, soit moins que la fréquentation annuelle du WCT.
Immédiatement, il pique notre curiosité… ce sentier passe au Cape Scott, qui est rempli de l’histoire des pionniers de l’île qui ont tenté de braver les conditions météorologiques pour vivre ici. De plus, la plupart du sentier permet de côtoyer ours, loups ou encore baleines qui vivent à proximité des côtes.
Il ne nous en faut pas plus pour nous décider, c’est ce trek que l’on fera, une première d’ailleurs pour nous qui sommes habitués au bivouac d’une ou deux nuits.
Avant de partir
Nous épluchons les sites (en anglais pour la plupart) afin de connaitre au mieux ce sentier, et nous nous procurons des cartes terrains afin de savoir ce qui nous attend le plus précisément possible.
Au niveau des principales difficultés qui jalonnent ce sentier, le NCT est réputé pour être très boueux, il comporte plusieurs passages nécessitant l’utilisation de cordes et même deux passages en nacelle. Ces informations vont nous aider à savoir quoi emporter dans nos sacs.
Pour se rendre au début du trek, qui se fait habituellement d’Est en Ouest, il faut réserver un bateau, qui ne part que si au moins 6 personnes le réservent. Pas évident de caser l’aventure dans nos vacances. On finit par se figer une date qui nous permet de découvrir le reste de l’île et on tente notre chance en demandant à Water Taxi, la société qui assure la navette, de confirmer une disponibilité. De plus, pour des questions de temps, nous n’aurons pas le temps de parcourir l’ensemble du trail, nous choisissons donc de partir du second point de départ possible qui est « Cape Sutil » (16 kms de moins que le total, soit une journée). Cela complexifie la possibilité de trouver une date puisqu’il n’est possible de déposer des personnes à Cape Sutil uniquement à marée haute, et comme le taxi se fait le matin, il faut tomber au bon moment.
Après quelques jours d’attente, la réponse tombe de Water taxi, et notre trek se confirme. Il va donc falloir sérieusement préparer nos affaires pour y aller…
Notre parcours va commencer à Port Hardy, où nous prendrons le bateau direction Cape Sutil et se terminer sur le parking « Cape Scott Parking Lot » où une navette doit nous ramener à Port Hardy.
Avant de partir, nous téléchargeons des cartes terrains, imprimons l’itinéraire de notre périple en papier que nous plastifions et prenons une carte des marées. Nous sommes également équipés d’un appareil Garmin InReach mini 2, qui sert à la fois de balise SOS et de communication avec nos proches. A noter que le port d’une balise GPS ainsi qu’un litre d’eau (minimum) sont obligatoires pour que le bateau accepte de nous embarquer.
Nous prévoyons 4 jours pour faire ce trajet, qui doit se dérouler en suivant les étapes :
🥾 Jour#1 – Cape Sutil vers Irony Creek Camp (baie de Shuttleworth)
🥾 Jour#2 – Irony Creek Camp vers Laura Creek Camp
🥾 Jour#3 – Laura Creek Camp vers Fisherman Bay
🥾 Jour#4 – Fisherman Bay vers Cape Scott Trailhead parking lot
"Water taxi" : De Port Hardy vers Cape Sutil
Le matin du départ, nous nous rendons sur le port, à l’adresse de la société de Water Taxi à l’heure indiquée par ces derniers. Etant très dépendant des marées pour nous déposer, nous avons eu connaissance de l’heure de départ quelques jours avant.
La société propose des options en plus de la dépose des personnes aux différents points de départ du Trail, notamment :
- Prise en charge au parking de Cape Scott pour nous ramener à port Hardy
- Parking pour notre véhicule (qui sera stationné juste devant la boutique)
- Frais de nuit pour avec le droit de camper dans le parc naturel (leur tarif est identique à celui qui est disponible sur internet)
- Une carte du trek (que nous n’avons pas prise puisque nous avions prévu notre itinéraire papier)
- La table des marées (que nous n’avons pas nous plus prise puisque nous avions téléchargé les informations)
Une fois que chaque client est enregistré, le début de l’aventure est lancé…
C’est partiiiii… nous embarquons sur le bateau qui doit nous déposer au début de notre périple. Comme promis, le soleil n’est pas au rendez-vous et nous embarquons déjà sous une fine bruine qui va perdurer toute la journée.
Nous sommes 3 à être débarqués à « Cape Sutil », les autres ayant fait le choix de parcourir le trek depuis Shushartie Bay. Ils sont donc les premiers à être débarqués, au bout d’une heure de bateau et à une vingtaine de minutes de notre destination. On parlera même de largage vu la méthode déployée : Ici, pas de joli ponton, mais une manœuvre délicate du chauffeur pour parvenir à se rapprocher le plus possible des rochers, puis… tous à l’eau.
Notre débarquement sur « Cape Sutil » ne va pas se faire plus en douceur que nos compagnons de voyage. En effet, pas question d’aller jusque’à la plage, car le bateau a trop de fond. Il nous faut donc débarquer sur des rochers glissants… et le mot n’est pas un euphémisme ! Le chauffeur nous explique qu’il faut slalomer entre les rochers avant de remonter une pente en suivant un petit morceau de ruban orange accroché à un arbre qui indique le début du trek… bon au moins en deux minutes on est dans l’ambiance. On croise un groupe de randonneurs qui terminent le trek dans le sens inverse, et qui seront les seules rencontrent humaines de la journée.
Jour#1 - Muddy Day, de Cape Sutil vers Irony Bay
8,1 kms
3h15
Pluie
Un dernier signe vers le bateau et nous voilà parti pour notre aventure! Qui commence par un arrêt aux toilettes sèches 😅 et oui la nature c’est bien, mais quand on est une fille les toilettes c’est mieux !
Après ce bref interlude, nous voici parti pour de bon! Nous nous mettons rapidement d’accord pour que ce soit Monsieur qui prenne la tête de l’expédition, et je commence dès le début par sortir les bâtons (que je ne rangerai qu’en atteignant le parking de Cape Scott, 4 jours plus tard ! Utiles ces bâtons !). Au bout d’une cinquantaine de mètres, j’entends un « splotch » suivi d’un juron ! Monsieur a enfoncé son pied dans la boue qui lui remonte jusqu’à la cheville. Ah oui, boueux, c’est boueux! Le ton est donné!
Nous progressons difficilement sur ce terrain très boueux. Ce n’est d’ailleurs pas tant la boue seule qui nous ralentit, mais également le fait de devoir passer entre des branches, sur des troncs, de grimper et de redescendre. Nous mettons plus de 30 minutes pour faire les premiers 500m. C’est éprouvant…
Nous atteignons la première plage au bout de 45 minutes, et nous n’avons parcouru que 750m !! Comme toutes celles qui vont se succéder au long de la journée, il faut descendre à la plage en grimpant sur des troncs de bois flottés pour traverser la plage de galets en pente avant de remonter de l’autre côté sur des troncs de bois flotté et de retrouver la forêt boueuse.
La seconde plage est plus longue que la précédente, mais également en pente et en galets. Avec le temps pluvieux et les couleurs sombres des galets, c’est une ambiance de bout du monde qui s’installe et perdurera toute la journée.
En sortant de cette seconde plage, nous décidons de nous arrêter pour manger. Pleine de confiance et dynamisée par cette ambiance d’aventure, je me lance à la tête de l’expédition. Certains passages étant abruptes, des cordes sont disponibles pour aider. Je m’essaie donc sur la première en descente. Au moment où je mets mon poids sur la corde, celle-ci me glisse entre les mains, tellement elle est gorgée d’eau. Je tombe sur le dos un mètre plus bas. Heureusement j’ai mon sac à dos pour amortir la chute. Plus de peur que de mal, mais l’avertissement est là, et on ne m’y reprendra pas.
Après 1,7 km, nous arrivons à une « intersections », avec deux chemins possibles en fonction de la marée. Etant donné que nous passons à marée suffisamment basse, nous privilégions le chemin sur la plage, celui dans la forêt restant plus éprouvant.
A la sortie de cette plage, une longue section de forêt nous attend. La pente est raide et très boueuse, les cordes peuvent donc être les bienvenues pour la montée. A peine arrivés en haut, il nous faut redescendre.
Nous arrivons sur une nouvelle plage, et continuons à progresser ainsi entre plage et forêt, en passant de minuscules plages d’une centaine de mètre à quelques unes plus longues, mais toutes en galets.
Lorsque nous parvenons à la première plage de sable, lui aussi est noir, ce qui nous permet de rester dans l’ambiance. Et là, surprise, nous découvrons des traces de pattes de loup, bien fraiches, laissées sur le sable humide. Autant les animaux sont très discrets sur le NCT, autant le sable humide nous permet de deviner la richesse de la faune qui nous entoure. Un loup est donc passé sur cette plage, entre il y a quelques instants et la dernière marée haute… nous nous attardons alors un peu, espérant le revoir, mais il ne se montre pas. Nous repartons donc poursuivre notre chemin.
Après la plage au loup, nous en traversons encore deux avant de parvenir sur une plage bien plus longue qui permet d’aller plus vite que lorsqu’il faut transiter entre plage et forêt. Elle a cependant le même aspect que les précédentes ; avec des galets et en pente. Nous avons cependant la chance de la passer à marée suffisamment basse pour marcher sur le sable humide, ce qui nous permet de vraiment en profiter pour accélérer.
Après près de 7 kms, nous dépassons un dernier promontoire de forêt avant de parvenir à la baie de Shuttleworth. Le contraste avec le reste de la journée est saisissant. Nous voici parvenu sur une longue plage de sable (noir!), plate, qui va nous permettre d’atteindre notre premier camp de base. Les kilomètres qu’il faut parcourir semblent passer tout seul après toute cette boue, cette pluie et ces difficultés. La pluie s’est d’ailleurs arrêtée pour l’occasion !
Quelques 200 m avant l’entrée du camp, nous devons traverser une rivière d’eau douce, qui sera également notre première source d’eau pour ravitailler. C’est un vrai plaisir que d’arriver au camp !
Irony Bay Campground
C’est avec un grand plaisir que nous arrivons au premier camp. Nous sommes seuls et la pluie joue à cache-cache. Nous prenons notre temps pour faire le tour du campground et de ses 4 plateformes pour choisir celle qui nous plait le plus. Nous profitons d’une accalmie pour nous y installer et tenter de faire sécher nos affaires boueuses et détrempées. Lorsque la pluie se calme enfin, une brume lui succède, n’aidant pas dans l’opération de séchage que nous avions entreprise.
Nous profitons de notre solitude pour faire un brin de toilette et remplir nos poches à eau. L’eau de la rivière est un peu rouge (oui d’où Irony Bay) mais une fois filtrée, elle perd sa couleur !
En tout cas, ce premier jour s’est déroulé avec succès. En flânant autour du camp, une forme attire notre regard parmi les divers morceaux de bois sur la plage… une baleine ! Nous apportons donc notre contribution pour la vie de ce camp en lui trouvant une place entre les bouées qui en indiquent l’entrée. C’est comme faire parti d’une communauté, nous partageons un petit morceau de vie et de rêve avec des inconnus qui ont foulé cette plage et ce camp avant nous, et ceux qui passeront après nous. C’est émouvant.
En nous installant près de l’embouchure de la rivière, nous observons un drôle de ballet de mouettes qui s’éclaboussent avec de l’eau douce avant de se secouer frénétiquement pour se sécher. Nous supposons qu’elles se lavent après une bonne journée en mer. Un autre moment d’émotions…
Au fur et à mesure que la journée avance, quelques personnes arrivent au camp à leur tour. Le soir, ce sont toutes les plateformes qui sont occupées et certains randonneurs se sont même installés sur la plage.
Jour#2 - Sunny Day, de Irony Bay vers Laura Creek
13,3 kms
4h50
Nuageux
Nous nous réveillons dans la brume. Celle-ci est tellement opaque que je crois un moment qu’il pleut. Pourtant le check météo de la veille fait avec la balise nous a promis que le ciel allait se dégager à partir de 9h… Je sens la déception monter, d’autant plus que c’est la journée où nous devons traverser les plages les plus susceptibles d’héberger des ours… alors avec cette brume ambiante, ce n’est pas gagné de les voir.
Les affaires sont encore pleine d’humidité, rien n’a pu sécher, et la tente s’est gorgée d’humidité également. Je suis d’humeur maussade en rangeant les affaires.
La mise en route est plus simple que celle de la veille, qui nous parait d’ailleurs tellement loin… Il nous faut commencer par finir de traverser la plage sur du sable humide et bien tassé. Autant dire, on avance !
D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à évoluer sur cette plage, puisque nous remarquons des empreintes de pattes de chat dans le sable… oui mais seulement, il n’y a pas vraiment de chat dans le coin, plutôt leurs proches cousins, des Cougars. Très discrets, ils sont également très compliqués à observer. Rien que de trouver ces traces fraîches dans le sable nous fait frissonner. Nous voilà au cœur de la nature, à traquer la faune pour espérer l’observer. Ne voyant pas le propriétaire des empreintes revenir, nous continuons notre route.
Au bout de la plage, c’est le retour dans la forêt. Les passages boueux sont moins importants que la veille, et les racines plus aisées à enjamber. Entre les empreintes et la marche facilité, le moral remonte un peu. Nous arrivons rapidement à un des passage les plus fun de notre Trail : la tyrolienne assise ! Nous montons tous les deux et nous laissons porter jusqu’au milieu de la rivière puis nous devons nous hisser à la force des bras pour arriver de l’autre côté. Cette partie n’est pas évidente car il faut porter son propre poids et celui du siège… mais nous finissons tout de même notre traversée avec le sourire. Nous laissons repartir la navette comme indiqué sur place afin de permettre à d’autres randonneurs de traverser à leur tour.
Après ce retour en enfance, nous continuons et reprenons notre rythme entre passages en forêt et sur les plages, toujours faites de galets et en pente, évidemment. Le temps se lève au fur et à mesure de notre avancée et le soleil fait briller la mer. Le bleu devient plus profond et c’est un vrai plaisir désormais que de profiter des magnifiques paysages qu’offre ce Trail. Nous continuons ainsi sous le soleil jusqu’à arriver à Christen point qui indique la dernière ligne droite de la journée.
Nous nous arrêtons faire une pause. En regardant la mer, nous apercevons un souffle de baleine au loin, puis une queue et le plongeons vers le fond! C’est superbe de pouvoir observer cela depuis la terre. Soudainement, ce n’est plus seulement un mais plusieurs souffles qui nous apparaissent et puis des masses de vagues blanches se dessinent sur l’horizon. Nous prenons quelques photos du balai des mers que nous avons la chance d’observer.
En repartant, on se pense bientôt arrivés, mais il reste tout de même plusieurs kilomètres à parcourir sur cette plage de galets instables. Avec la fatigue de la journée et le fait de se savoir proche de l’arrivée, l’impatience se fait sentir et cela nous parait une éternité.
Laura Creek Campground
Nous parvenons enfin à Laura Creek, notre camp de base pour la nuit. Comme précédemment, nous devons traverser une rivière afin de parvenir au camp. C’est également notre source d’eau potable de l’étape.
Nous choisissons une plate-forme qui possède une zone nous permettant de nous poser avec des bancs et une table. Nous trouvons de la corde sur la plage et la tendons afin de faire sécher nos affaires avant que la nuit ne tombe.
Nous allons ensuite nous faire notre brin de toilette dans la rivière et nous ravitailler en eau. C’est là que nous croisons une loutre de mer, près de l’embouchure de la rivière. Elle se promène parmi les algues qui dépassent pour pouvoir se nourrir. Nous croisons également deux pygargues à tête blanche qui vont se nourrir dans l’océan avant de venir se faire sécher les ailes au soleil dans un arbre. Le spectacle est superbe, et on peut les entendre communiquer entre elles.
Jour#3 - End of trail, de Laura Creek à Cape Scott Trail (Fisherman Bay)
13,1 kms
4h25
Ensoleillé
Ce matin nous nous réveillons dans la brume. Décidément, cela devient une habitude sur ce Trail!
Elle est encore présente lorsque nous prenons le départ pour notre dernier jour de marche.
Lorsque nous mettons le premier pied sur la plage, surprise! Nous apercevons un ours quelques centaines de mètres plus loin. Pas de doute possible. Il nous a également repéré et commence a s’enfoncer dans les fourrés en bordure de la plage. Nous pressons le pas et capturons quelques clichés. Enfin! Celui que nous étions venu observer est là ! Nous arrivons à la hauteur à laquelle il a disparu dans les fourrés et trouvons quelques traces de son repas. En revanche, pas de pas d’ours dans le sable. A croire que le plus gros animal de la région ne laisse pas de trace lorsqu’il marche! C’est assez surprenant. Nous attendons quelques temps et entendons les branchages craquer à proximité de nous, mais notre ami ne réapparaît pas.
Nous poursuivons notre route dans la forêt, qui abritera une grande partie de notre journée de trek. Le chemin monte de manière assez raide via un escalier très bien dessiné, premier aménagement que nous croisons sur le parcours (hors tyrolienne), avec un nid d’abeille au milieu qui est bien signalé par une pancarte. Nous continuons notre ascension et le sol se gorge de boue à mesure de notre progression. Le chemin est très irrégulier et chaotique, avec de nombreuses montées et descentes.
Nous traversons la rivière Dakota Creek via un pont en bois. Nous traversons ensuite un de ses affluents avant de parvenir à une autre rivière à croiser. Celle-ci, contrairement à la première, n’est pas équipée. Quelques rubans bleus dessinent un chemin qui permet de la traverser en passant par des troncs d’arbres couchés. Il est aussi possible de passer de rocher en rocher, sans trop se mouiller les pieds.
Le sentier remonte ensuite pour arriver à un lac marécageux qu’il faut suivre sur une partie de sa longueur. Ce n’est pas le plus compliqué, étant donné que le contournement se fait sur des pontons de bois.
Une fois la fin du lac atteinte, le chemin entame sa lente descente vers l’océan, que l’on entend au loin. Le trajet est cependant encore long et semé d’embûches (au sens propre!). C’est la partie la plus pénible, avec le bruit des vagues qui ne fait que s’amplifier sans pour autant que l’on atteigne la plage. Enfin nous parvenons ) un escalier, le bruit des vagues devenant plus puissant.
Nous débouchons brutalement sur Nissan Bight à la sortie de la foret, qui se pare de différentes teintes de bleu avec le soleil qui se reflète dans l’eau. C’est magique, après toute cette boue et ce vert, d’arriver sur une immense plage de sable noir couverte de reflets bleutés. C’est ici que nous faisons notre pause repas, que nous croisons phoques et loutres, et que nous apercevons de nouveau panaches de baleines. Nous avons du mal à repartir, étant seuls et sachant que cette plage indique lé début de la fin de notre aventure…
Nous arrivons à l’Ouest de la baie, qui marque la fin du NCT. C’est un moment d’émotions ou la fierté se mélange à la tristesse. Fierté d’avoir réussi ce premier Trail en autonomie totale, d’être arrivés au bout sans difficulté particulière, d’avoir parcouru ce bout du monde et d’avoir vécu ces moments forts ensemble. A cela se mêle la tristesse de la fin, d’une page qui se tourne. Et enfin, un peu d’excitation à l’idée de recommencer, ailleurs dans le monde, mais toujours au bout, sans assistance, et surtout ensemble.
Nous entamons enfin notre descente vers le parking ou le shuttle doit nous récupérer le lendemain. Cette redescende va nous faire emprunter un autre chemin de randonnée, plus connu et plus accessible : Le Cape Scott Trail. Nous commençons par le suivre sur un sentier aménagé et entretenu (le bordures venant d’être taillées). C’est très étrange de marcher sur ce sentier clair et sans troncs ou racines qui barrent le passage! On avance.
Nous parvenons à un croisement qui permet d’aller à la pointe Ouest de l’île, jusque’à un phare, objectif de ce sentier. Nous continuons pour notre part de descendre vers le parking du Trail et atteignons notre dernier campground.
Fisherman River
Notre dernière nuit se fait a Fisherman river, avec un camp qui surplombe la rivière du même nom. Seulement deux pads de tente sont disponibles sur ce camp, mais nous nous sommes retrouvés seuls.
La météo n’a pas prévue de pluie dans la nuit, donc nous étendons par terre nos chaussettes et pantalons de pluie pour retirer un max d’humidité (n’allons pas jusqu’à ambitionner de parler de sécher les vêtements!). Erreur! Il a plu une bonne partie de la nuit et nos vêtements sont biens trempés lorsque nous nous levons le lendemain!!
Depuis la source, nous avons une jolie vue sur le pont qui enjambe Ficherman River. Ce n’est d’ailleurs rien de plus qu’un tronc d’arbre qui a été renforcé et recouvert d’une passerelle.
Nous ne garderons pas un souvenir très heureux de ce dernier campground, même s’il a bien fait le travail de nous accueillir pour une dernière nuit en « back country », à cause de ces moustiques insupportables.
Jour#4 - Retour à la civilisation
10 kms
3h15
Ensoleillé
Dernier jour du trek, avec pour objectif d’atteindre le parking avant 12h30, heure de départ du shuttle.
Après un réveil entourés de moustiques prêts à nous dévorer dès que nous mettrons le nez hors de la tente, nous replions nos affaires et décidons d’aller petit déjeuner un peu plus loin sur le sentier.
Après un bon repas, nous prenons la route confiants, en nous imaginant que ce sera surtout un sentier comme la veille en fin de journée. Que nenni ! C’est le retour de la boue et des racines à enjamber ! Rien à voir avec ce que nous avons vécu sur le NCT mais tout de même, nous sommes assez surpris de la qualité du sentier.
Nous parcourrons difficilement les premiers kilomètres avant que le sentier ne devienne vraiment de meilleure qualité, avec des pontons en bois qui améliorent la cadence de marche. Attention tout de même, j’ai personnellement glissé sur une marche d’un ponton! Après 4 jours à crapahuter dans la forêt sans trop de difficulté… c’est un peu navrant!
Nous passons devant le campground Éric Lakes, qui est immense et très bien aménagé. Nous croisons d’ailleurs beaucoup de monde à partir de ce point, avec des personnes qui semblent aller passer la journée au lac. Nous sentons déjà le retour à la civilisation et poursuivons notre descente vers le parking.
Fin du trek, nous sommes fatigués mais heureux!
Shuttle de retour
Ce n’est pas encore la fin de l’aventure pour autant puisque le shuttle nous attend.
Nous sommes seuls à le prendre. Le chauffeur, John, nous annonce qu’on en a pour 1h30 avant de s’engager sur la piste qui doit nous ramener à port Hardy. Confiant, il s’élance à pas moins de 60km/h sur cette piste toute bosselée, défoncée de nids de poule et se met à gauche (histoire d’avoir toutes les chances de se planter!). Nous échangeons un regard un peu surpris…
Notre hôte nous parle de l’histoire du Cap, qui a vu s’établir par deux fois des populations qui sont finalement reparties a cause des conditions de vie drastique et le peu d’aide gouvernementale pour permettre l’accès à cette partie de l’île (ça on a pu le constater pendant l’heure et demi de notre trajet retour). Il semble assez fier de cette histoire et continue de nous commenter la route et ce que nous pouvons voir en passant.
Après avoir pris quelques raccourcis, John parvient tout de même à nous ramener à bon port, et nous descendons soulagés de sa camionnette.
Malgré la sympathie de notre hôte, nous sommes heureux de retrouver notre Ford aménagé et de pouvoir prendre une bonne douche !
Et si c’était à refaire…
Bien nous choisirions la même section du North Coast Trail et dans le même sens. La difficulté est certainement concentrée sur le premier jour, qui est celui où nous sommes le plus reposés.
Nous aurions seulement choisi de passer une journée à Laura Creek, pour tenter d’apercevoir les animaux présents dans la forêt (loup, cougar) et que nous n’avons pas eu la chance de croiser.
Concernant notre sac, nous sommes très satisfait de ce que nous avons pris si ce n’est le répulsif à moustiques, qui n’aurait pas été un luxe sur certaines parties du Trail. Une petite gourmandise à tester la prochaine fois : prendre un peu de sirop pour profiter d’un apéro bien mérité en fin de journée ! Le chocolat était déjà la super récompense le soir en guise de gourmandise.